Selene est une louve de taille moyenne. Sa carrure élancée est ornée d’une fourrure immaculée. Pas un tâche, pas un point noir ou marron. Un blanc idéal pour se cacher dans la neige. Ses yeux ont une particularité assez atypique. De loin, rien n’y paraît. Un regard clair mais relativement uniforme. Et pourtant de près, on remarque une teinte plus verte dans son œil droit et une autre plus bleue dans son œil gauche. Vairon, c’est le terme exact même si il n’est pas accentué au point d’être choquant. Il faut réellement la fixer dans les yeux pour le remarquer.

L’hiver, son pelage prend une épaisseur très confortable contre les assauts du froid. Ses pattes, fines et agiles, ont une bonne détente lors des sauts, même si elle est clairement plus taillée pour la longue distance que pour la vitesse. Même dans la chaleur, le fait d'être blanche lui assure un minimum de fraîcheur, même si elle reste vraiment faite pour le froid.

Deux Selene, c’est ce qui frappe quand on la connaît le mieux. Peut-être un peu plus même, mais observons notre louve de loin.

La voilà, parcourant la forêt d’un pas vif et silencieux. Alerte, l’air méfiant et pourtant assuré au visage, elle préfère afficher une image forte et dominante pour repousser les ennemis. En cas de rencontre avec un inconnu, elle s’arrêtera et le toisera afin de voir son comportement. Si il ne la provoque pas, elle l’ignorera. Si elle se considère sur son territoire, elle grognera brièvement pour lui montrer qu’il n’a rien à faire ici. En revanche, si c’est un intrus un peu trop curieux, et surtout trop près de la tanière, elle commencera par l’avertir mais il en faudra peu pour qu’elle le chasse à coups de crocs, de griffe et surtout, qu’elle appelle toute la meute pour que le nombre submerge cet inconnu. Selene se battra toujours pour les siens, peu importe son état de fatigue, de maladie ou de vieillesse. La solitude ne lui déplait pas, mais la vie de meute est vraiment ce qu'elle préfère.

Au sein de sa meute, Selene montre un tempérament protecteur. Allant aux quatre coins du territoire pour s’assurer qu’il est sûr, afin que les jeunes ne courent aucun danger et que les loups de sa « famille » ne risquent rien. En effet, elle voit sa meute comme une grande famille. La hiérarchie compte beaucoup. La louve blanche punit les inférieurs sèchement mais immédiatement pour ensuite ne plus y penser. Prendre le museau en en étau dans sa gueule, mordre le cou, grogner vivement et faire mine d’attaquer.

En période de chasse, Selene s’exalte et devient une carnassière réfléchie et très stratège. Elle préfère chasser les cervidés mais les rongeurs peuvent être un appoint. Elle cherchera des personnes de confiance. L’amour, comme pour beaucoup de loups, c’est sacré. La blanche préfère être seule et entourée de bons généraux que mal accompagnée par un mâle indigne.

« Est-ce que tu as déjà cru que tu n’aurais jamais cette place ?
- Pas vraiment… Qu’il y ait une meute ou pas, je suis comme ça. Ce n’est pas une place. C’est un mode de vie. »

Selene n’a rien à dire de son enfance. Parce qu’elle s’en souvient peu, et surtout parce que l’inaction qui ressort de ces années. Pas dans le sens passif mais juste qu’elle n’avait rien de plus à faire que d’apprendre. Son seul souvenir fut le fait d’avoir été seule survivante de la portée de sa mère. Donc elle jouait avec des louveteaux inconnus.

Sa jeunesse fut pleine de découverte. La montagne, la mer, des choses effrayantes et passionnantes. Très tôt, elle partit à l’aventure, cherchant des nouveautés et surtout, à trouver une vie ailleurs que dans cette meute où elle n’avait pas sa place. Son envie de s’évader se traduisit par un départ rapide. Elle trouva quelques loups en route qui furent visiblement impressionnés et acceptèrent de la suivre. La domination dans ses mots et ses gestes même avec ces loups étrangers semblait faire son effet.

La meute était en route pour une zone abritée et sûre. Les cinq loups de la meute s’entendaient bien malgré leurs origines différentes et ils subsistèrent ensemble quelques temps avant que la meute ne se disloque à cause d’une histoire d’amour. Un loup parti et les autres trop vieux poussèrent la meute sans héritier à se séparer.

Selene n’était pas triste, elle avait simplement envie de vivre paisiblement. Son existence, ponctuée de combats et de belles rencontre lui firent peu à peu prendre le chemin de ces terres où elle décida d'accepter de se soumettre à Gerboise.